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Contexte

Les échange qui ont meublés le café éthique du mercredi 28 février 2024 témoignent de l’intérêt que le monde en général et la société camerounaise en particulier portent aux questions relatives à l’accouchement et son aspect financier.

En effet, le choix de « la prise en charge financière des accouchements » comme thème du débat se justifie non seulement par sa sensibilité, mais davantage par le fait que dans l’opinion populaire ou l’imagerie populaire, beaucoup considère ses manifestations comme des violences faites aux femmes et par conséquent comme des actes de déshumanisation des services de santé. Cette réalité soulève un problème à la fois social, médical et culturel.

 

Au Cameroun, le problème se pose dans un contexte où il existe plusieurs initiatives pour réduire la mortalité maternelle et infantile ; il s’agit entre autres de :

 

·      Programme de lutte contre la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile ;

 

·      L’initiative du kit césarienne et kit obstétrical à plusieurs vitesses ; mais aussi le chèque santé qui permet la gratuité de certaines activités autour de la consultation.

 

A l’hôpital central de Yaoundé, le problème de la prise en charge financière des accouchements est perceptible au travers des actions de recouvrement des frais après accouchement ; des actes de reconnaissance de dette ; du non-respect des engagements.

 

Du point de vue de l’éthique, la question que pose la prise en charge financière des accouchements s’adresse ainsi qu’il suit : est-ce que le financement de l’accouchement devrait continuer d’être un sujet qui nous met à mal dans la démarche d’humanisation des soins de santé ?  

 

Exposé de l’Invité – Partant des piliers de la stratégie de l’Organisation Mondiale de la Santé pour réduction de la mortalité maternelle, l’invité, le Pr ESSIBEN Félix, Gynécologue-obstétricien et responsable du service de maternité à l’Hôpital Central de Yaoundé s’est davantage appesantit sur le deuxième pilier à savoir celui des consultations prénatales et des accouchements sécurisés ; en tant que ce pilier se rapporte au thème objet des discussions. Ce pilier qui a à cœur des consultations de qualité, se décline en 04 volets dont le plus important est la préparation de l’accouchement en trois points que sont : l’identification de la formation sanitaire ou du prestataire de l’accouchement, l’identification de l’accompagnant et enfin la préparation des ressources financières qui est source de conflits de manifestations et de violence vis-à-vis du personnel soignant.  

 

En ce qui concerne particulièrement ce dernier point, la réalité des faits au Cameroun rapporte que le financement de l’accouchement est supporté par les ménages, la couverture de l’assurance maladie ; les organismes communautaires d’assurance communément appelés tontines. Et dans certains cas, la femme doit elle-même prendre en charge les frais relatifs à son accouchement.

 

Ce qu’il faut retenir ici c’est que la PEC financière est en majorité supportée par les ménages dans notre contexte et cela est un réel frein de ladite PEC. Cela est un facteur déterminant qui peut contribuer à maintenir un ratio élevé de mortalité maternelle. Ce qui traduit la nécessité de mettre en place des mécanismes de financement prenant en compte cette réalité.

 

Contributions et questionnement

 

1.     Retour d’expérience du chef de service de l’action social à l’HCY

 

Situation et manifestation du problème : Les cas des indigents (dont l’indigence est établie après enquête sociale) – sont beaucoup plus recensés à la maternité ; l’abandon de la mère ; l’absence ou le manque de d’argent – c’est-à-dire des moyens financiers ; il y a la mauvaise foi des familles qui soutiennent que l’hôpital est celui de l’Etat (« l’Etat doit s’occuper de nous ») ; la population concernée : est celle des filles mineures dont l’âge varie entre 16 et 19 ans - rejetées ou abandonnées par les familles.

 

Les solutions dans la prise en charge financière des accouchements à l’Hôpital Central de Yaoundé :

 

Les bienfaiteurs payent en partie mais pas la totalité et l’hôpital la partie restante. – l’HCY pour 26 femmes à eu à débourser 9 372 000 FCFA au compte de l’exercice 2023.

 

Perspectives :

 

Sensibiliser les jeunes filles à la maison ;

 

Sensibiliser sur le contenu du kit une fois que la jeune fille arrive à l’hôpital ;

 

Revoir le cout du kit accouchement à la baisse (8/10 accouchements se font par césarienne).

 

2.     Autres interventions et propositions de solutions – les participants à la 14ème édition du café éthique de l’Hôpital Central de Yaoundé ont fait les suggestions suivantes en réponse aux problèmes liés à la prise en charge financière des accouchements :

 

Ø  La création d’une structure à caractère sociale telle qu’une fondation, qui s’occuperait des personnes indigentes.

 

Ø  La mise sur pieds d’une Organisation communautaire d’assurance qui permettrait l’accès aux soins en raison de l’absence ou de l’inexistence d’une sécurité sociale ; ainsi la valorisation des pratiques communautaires de sécurité sociale peut être une réponse à la problématique d’accès aux soins que pose la prise en charge financière des accouchements. A ce propos, il a été également discuté de la perception de la CSU : est-elle synonyme de gratuité de soin ? quel sera le sort des communautés et des femmes accommodées au soutien du chèque santé par exemple, après le départ des partenaires promoteurs de ces politiques assurancielles ?

 

Ø  La nécessité de présenter la complexité du problème dans ses détails car il existe différents paliers de complexification des situations allant des complexifications obstétricales (c’est-à-dire celles liées à l’accouchement proprement dit) aux complexifications financières en passant par celles dites sociales où la maternité n’est plus seulement le fait de l’âge, mais peut aussi provenir d’une maladie mentale, d’un viol - que faire dans notre contexte ou la loi ne permet pas une IVG (Interruption Volontaire de Grossesse) comme ailleurs ? – il faut prendre en compte tous les facteurs, tous les paramètres ; - Pouvoir affirmer la sensibilisation en ciblant les cas précis ; car il y a des ciblages différents : il faut donc en venir à la communication par les stratégies de changement de comportement à raison des ciblages qui diffèrent ; - besoin de former le personnel de l’Hôpital sur comment aborder la question du paiement de l’argent ou des frais.

 

Ø  Pouvoir tenir compte de la disparité des couts d’accouchement dans le même pays ;

 

Nécessité de prise en compte de la dimension de la promotion de santé juvénile – (au regard de la force des hormones sexuels).

 

Ø  Accoucher est un droit autant que la vie sexuelle en est un – l’exercice de ce droit a été travesti pour des raisons financières ; il y a lieu de questionner la responsabilité de l’Etat. En ceci qu’il a souscrit aux ODD il doit pouvoir fournir les intrants nécessaires pour l’accouchement en mettant à la disposition des formations sanitaires les moyens nécessaires pour sa prise en charge ; - Il faut donc agir vite, maintenant et bien pour atteindre l’objectif de développement durable en lien avec l’accouchement.