L’exposé de l’expert – spécialiste en économie de la santé, le Dr NDONGO Jean Serge, parallèlement Médecin Radiologue au service d’Imagerie Médicale de l’Hôpital Central de Yaoundé a centré son exposé autour des « enjeux éthiques du financement de la santé ». Ceci pour permettre aux participants non seulement de pouvoir établir le lien qui se dresse entre
l’achat des soins, l’éthique et la Couverture Santé Universelle, mais surtout de cerner le concept de financement de la santé au travers de son contenu et de ses implications.
Ainsi, après des brèves définitions respectives des concepts de financement de la santé et d’économie de la santé. Le spécialiste en économie de la santé a étayé son propos en ressortant tour à tour la pertinence économique de la santé (pour dire que la santé relève de l’économie), la compatibilité de l’économie avec la déontologie médicale et enfin, l’éthique médicale comme enjeux crucial dans l’essor de l’économie de la santé.
1. Clarifications conceptuelle
Le financement de la santé est toute opération qui consiste dans l’accomplissement des fonctions de mobilisation des ressources (au sein des ménages ou par les mécanismes de micro-économie) ; de mise en commun des ressources (mécanismes assurantiels) et d’achat des services et des prestations des soins de santé.
C’est l’ensemble de ces mécanismes de financement qui constitue la branche de l’économie qui s’occupe de la santé, communément appelée « économie de la santé ». L’érection de cette dernière n’a pas été facile car les économistes se sont souvent demandé si « la santé relève de l’économie ? »
2. Affirmation de la pertinence économique de la santé
De manière simple, l’économie de la santé est la science économique appliquée au domaine de la santé. Deux raisons justifient que cette dernière relève de l’économie :
La première est celle de l’application concrète de l’économie à la santé, car le champ d’intérêt de cette dernière le permet. En effet, on y distingue en termes d’« output » d’une part la production d’utilité telle que l’état de santé et en termes d’« input » d’autre part le fonctionnement des hôpitaux, la médecine de ville et la production des médicaments notamment.
La seconde raison ayant érigé l’économie de la santé en branche de l’économie renvoie à sa méthode. Car par l’optimisation des ressources, cette méthode va permettre l’obtention d’un état de santé maximal à coût donné, ou encore des couts minimums à un état de santé donné.
3. Compatibilité de l’économie avec la déontologie médicale
Elle émerge de la problématique de la légitimité de l’approche économique dans le domaine de la santé ; née du débat de la confusion entre le rationnement et la rationalisation de la santé. La première pouvant mettre en péril la santé véritable de part ses visées économistes ; la seconde a contrario, associant équité et efficacité.
L’existence de cette opposition est l’affirmation même de la compatibilité de l’économie avec la déontologie médicale ; laquelle soulève en filigrane les questions relatives à : la liberté d’installation (d’un hôpital), la liberté du choix de son médecin par le patient, la liberté de prescription du médecin et celle de l’énumération à l’acte et paiement direct du malade au médecin.
4. Jeux et enjeux de l’éthique médicale dans l’économie de la santé
L’éthique médicale tire ses sources du serment d’Hippocrate et du code de déontologie médicale. L’intérêt de ce rappel réside dans le jeu qui s’opère entre le choix d’une économie ou d’un financement de la santé basé sur la conception déontologique de l’éthique et où prévaut l’intérêt individuel ; et le choix d’un modèle de financement de la santé reposant sur la conception téléologique de l’éthique médicale où prime les considérations collectives sur les considérations individuels.
En France, l’évolution de l’éthique médicale se fera en faveur de la conception téléologique, marquée par l’avènement de l’Assurance Santé Universelle (CSU) accordant une primauté aux considérations collectives sur les intérêts individuels.
Au-delà de cette opposition sur le militantisme de l’un ou de l’autre courant de pensée, demeure surtout l’enjeu de la prise en compte de la rationalité dans l’éthique du financement de la santé. Car en effet, quelle analyse économique ferait-on de l’éthique médicale alors même que la rationalité qui est un fondement essentiel de l’économie rencontre encore des barrières qui malencontreusement sont d’ordre moral et éthique ?
Echanges et Discussions –
Ils ont sommairement porté sur :
Ø La surconsommation des soins ;
Ø La disponibilité des soins et/ou des consommables médicaux au regard des de la pratique observée dans les circuits d’approvisionnement ;
Ø L’équité, la solidarité et la stigmatisation dans la fourniture des soins ;
Ø La prise en charge rapide du patient pour éviter la gravité ;
Ø Le développement de la télémédecine ;
Ø La mutualisation des forces vives ;
Ø L’urgence de la mise sur pieds ou de l’accélération du processus de couverture santé.