[1] Pourtant, selon l’OMS, la prise en charge palliative devrait être un maillon essentiel des soins primaires. Aussi, partant du constat du vieillissement de la population mondiale, lequel traduit l’augmentation de l’espérance de vie (16 ans de plus pour les femmes et 10 ans de plus pour les hommes), et par ricochet la forte demande de prise en charge des personnes âgées, l’expert, le Docteur EBODE, médecin gériatre à l’HCY a montré au terme d’un exposé succinct, la nécessité et l’importance des soins palliatifs et d’accompagnement pour les personnes âgées admises en soins hospitaliers. Prenant en compte l’aspect éthique, l’expert a adressé la problématique de la santé de la personne âgée en situant les soins palliatifs et d’accompagnement comme une offre alternative permettant de maintenir la dignité de la personne tout en l’accompagnant vers la mort qui est inévitable.
L’exposé de l’expert – l’exposé dont le titre était « les soins palliatifs et d’accompagnement » avait pour but de ressortir les contours et le contenu de la thématique retenue ce mercredi. La problématique de ces soins dans ce sens soulève la question de leur place et de leur mobilisation au vue de la catégorie de personnes auxquelles ils sont dédiés ou orientés.
Après avoir défini préalablement et selon l’OMS les soins palliatifs comme « un ensemble d’interventions qui cherchent l’amélioration de la qualité de vie des patients et de leur famille confrontés à une maladie potentiellement mortelle », l’expert a présenté la prise en charge palliative comme le soin le plus envisageable pour la personne âgée admise en milieu hospitalier.
Bien que ce choix doit être motivé simultanément par l’identification du type de trajectoire de vie[2] que traverse le patient mais aussi par l’évitement de l’identification précoce du besoin en soins palliatifs chez un patient. L’intérêt du choix des Soins Palliatifs et d’Accompagnement pour les Personnes Agées se justifie par ce qu’il permet d’éviter des personnes âgées malades mentales mais aussi de faire une recherche opérationnelle pour une meilleure compréhension des problèmes des personnes de cette tranche d’âge, pour leur meilleure prise en charge en considérant les poly pathologies et ou les syndromes gériatriques auxquels elles sont sujettes. Au-delà de ces deux aspects, plusieurs autres éléments importants justifient la place de cette typologie des soins dans la prise en charge de la personne âgée :
· Du point de vue de l’objectif de traitement, la médecine palliative est plus humaine et loin de l’acharnement thérapeutique souvent observée dans la pratique de la médecine dite curative ;
· Ici il y’a un besoin d’équité dans les soins ;
· Du point de vue de la santé publique, et plus particulièrement du coût, les soins palliatifs sont préférables par rapport à l’acharnement thérapeutique qui s’avère couteux et risque de ne pas redonner la santé au patient.
A la question de savoir qui peut bénéficier des soins palliatifs ? Il apparait que toute affection potentiellement mortelle qu’elle soit organique ou psychiatrique ; il peut s’agir d’un syndrome de glissement, c’est-à-dire que le malade est à bout. Toutefois il est important de souligner que l’âge avancé seul ne constitue pas un critère de mise en soins palliatifs.
La prise de décision en hospitalisation gériatrique est d’un grand enjeu au regard des différents intervenants que sont le malade lui-même (ce qu’il pense) ; la famille et ou les aidants et enfin l’équipe soignante qui le plus souvent est pluridisciplinaire car constituée entre autre d’un médecin gériatre, d’un nutritionniste, d’un assistant social, d’une infirmière et dans certain cas d’un physiothérapeute. Cette équipe peut mobiliser quelques outils (dix) d’appui pour l’aide à la décision pour l’administration des soins palliatifs à un patient. Ils sont répartis en deux catégories. La première qui compte cinq points est spécifique à la maladie et renseigne sur son identification, le degré d’évolution de la maladie, la typologie de l’épisode actuelle (savoir si elle est surajoutée ou naturelle) ; les outils de cette première catégorie ont aussi pour but de savoir si l’épisode est facilement curable ? Dans le second volet qui est spécifique au patient ou à l’usager, les cinq outils employés ont pour but : d’avoir la perception du malade sur sa pathologie, quel est son désidérata, l’avis des aidants et ou de sa famille et enfin quelle est la position des soignants ? A partir de là on peut conclure que la décision de mettre un patient sous soins palliatifs n’est pas à prendre à la légère ou de manière unilatérale. Cette réalité fait de la médecine gériatrique une médecine qui place le patient au centre de l’équipe pluridisciplinaire et où le médecin ne trône pas.
Les objectifs visés par l’approche gériatrique sont alors :
· Pour l’équipe pluridisciplinaire en charge du malade, d’être au même niveau d’information ;
· De formuler des objectifs raisonnables atteignables par l’équipe en tenant compte de l’état du patient ;
· D’élaborer un plan d’intervention en essayant de résoudre toutes les situations complexes qui peuvent être liées soit à la maladie, soit à l’entourage du patient ;
· De veiller au respect des principes éthiques ;
Malgré qu’au Cameroun nous soyons davantage formés à la médecine curative, cette réalité n’empêche à la médecine palliative de se projeter et de formuler ainsi quelques perspectives pour les soins palliatifs et d’accompagnement. Il s’agit :
· D’identifier les besoins en médecine palliative (pas seulement en médecine oncologique) ;
· Former à la médecine palliative c’est-à-dire aux soins palliatifs intégrés à tous les niveaux de la pyramide sanitaire ;
Le regard éthique sur les soins palliatifs et d’accompagnement à la personne âgée – comme de coutume, ce regard éthique était l’œuvre du Dr NGONO Basile. A ce propos, on a pu retenir deux points essentiels
Le premier, que la rencontre d’autrui dans la souffrance fait entrer de manière inévitable, l’accompagnant dans le récit, l’habitation aussi de sa propre histoire ; car l’expérience de cette rencontre réveille ses souvenirs de la souffrance.
Le second point marquant soutenait en effet qu’on ne comprend en effet la souffrance de l’autre qu’à la mesure de la trace laissée dans sa vie par sa propre souffrance.
S’en est suivi la séance de questions-réponses et de réactions.
Les questions et réactions / Discussions –
Ø Quel est le vécu du soignant dans les soins palliatifs et d’accompagnement ?
Ø Comment savoir que le malade veut mourir de suicide ?
Ø Quels sont les représentations qu’on a de la mort au plan culturel ?
Ø Est-ce que les soins palliatifs riment uniquement avec accompagnement à la fin de vie ou alors on peut y intégrer la notion de bien-être ?
Ø Dans le cadre de la rééducation fonctionnelle, comment aborder la personne âgée pour les soins non pas d’accompagnement mais de bien-être ?
Ø Est-ce que en intervenant sur les déterminants sociaux de la santé on peut modifier la qualité de la santé au point où la maladie ou la douleur ait moins d’impact possible sur le bien-être de la personne âgée ?
[1] De manière générale, on oppose à la médecine dite palliative, la médecine curative.
[2] La trajectoire de vie est observée au décours d’une maladie soit chronique, soit rapidement progressive (cas d’un cancer) ; mais la trajectoire peut aussi être lente (cas de la démence).