En effet le garde malade apparait comme une personne essentielle dans la Prise En Charge des patients en contexte camerounais. Ainsi, l’Hôpital Central sous la direction du Pr Pierre Joseph FOUDA avait, au terme de ces échanges sur la problématique du garde malade, pris l’engagement d’élaborer une charte du garde malade, en attendant la consécration de la place du garde malade. Car tel n’est pas le cas dans le cadre juridique camerounais. Les échanges du café éthique de ce jour ont pour but d’améliorer (« échanger pour voir comment l’améliorer ») ou de parfaire la première mouture de la charte du garde malade de l’Hôpital Central de Yaoundé rendue public depuis quelques mois. En effet, la place que joue le garde malade dans notre système de santé où il n’existe pas un dispositif d’assurance maladie pour la plupart des personnes et ou le garde malade devient un acteur essentiel dans la PEC en tant que décideur de l’allocation des ressources financières de la famille, font de ce dernier l’interface entre l’équipe soignante et la famille au sens large. Par ailleurs, cette place est ressortie au terme des échanges du café éthique sur le raisonnement clinique partagé.

 

 

 

I.              Exposé introductif de la problématique de la charte du garde malade, de la famille et des visiteurs

 

 En  ressortant le cadrage théorique et conceptuel de la place du garde malade au travers de la dynamique des chartes pour les usagers des services hospitaliers, il a été fait mention de la Perspective historique sur les chartes dans le milieu des soins au sein de l’espace francophone ; dans ce sciage l’on a pas manqué de  souligné la permanence de la dualité entre l’hospitalité à l’hôpital et l’hostilité – hostilité de la maladie vis-à-vis du malade ; hostilité naissante du fait de l’exigence de disposer de ressources financières pour rendre les soins possibles. Le tracé de l’historicité de la place du garde malade s’est achevé par le rappel de la nécessité de la charte du fait que la bioéthique nous exige de respecter le principe de l’autonomie. En effet, l’aggravation de la vulnérabilité en se greffant à la perte d’autonomie peut justifier la nécessité ou l’intervention d’un tiers ou d’une 3ième personne (garde malade). Car, « le plus gros danger pour le médecin c’est l’abus de pouvoir ».

 

 

 

 

 

II.            Propos du directeur de l’HCY sur la mise en place de la charte du garde malade à l’Hôpital Central de Yaoundé

 

Ces propos ont abordé dans le sens du cheminement vers la concrétisation du projet de charte du garde malade et le rapport entre la réalité de l’avant et de l’après charte. Monsieur le Directeur a tenu à dégager la place fondamentale qu’occupe le garde malade dans une société où la Couverture Santé Universelle fait ses premiers pas. Pour lui, il est question de considérer le garde malade comme partenaire et personne de valeur dans la fourniture des soins en milieu hospitalier.

 

Enfin, il a souligné la nécessité d’analyser le chemin parcouru depuis la mise sur pieds de la charte du garde malade à l’HCY afin de se projeter vers l’avant.

 

III.          Lecture commentée de la charte

 

A.   Lecture commentée des droits de la charte.

 

Au terme de la lecture commentée des six droits de la charte, il a été retenu qu’aucun des six n’est contesté. Toutefois, il s’agit de clarifier leur formulation pour qu’ils soient accessibles pour le plus grand nombre. De fait, les points 2 et 5 se rapportant respectivement au droit à l’information dans les limites de la confidentialité et au droit d’être garde malade sur autorisation exclusive du médecin méritent d’être clarifiés.

 

Le point de clarification : le partage des informations sur le diagnostic, sur la sévérité du diagnostic ou sur les options thérapeutiques est encadré par le code de déontologie et le code éthique qui imposent au médecin et au soignant en général de respecter l’autonomie de la personne jusqu’à ce qu’elle-même décide de partager ce qui le concerne avec la personne de confiance.

 

B.    Lecture commentée des devoirs de la charte

 

Concernant les devoirs du garde malade, il a été fait les suggestions et propositions suivantes :

 

-       Reformuler point 1 en ne limitant pas le respect du par le garde malade au personnel, mais étendant ce devoir de respect aux autres malades et autres gardes malade.

 

-       Mieux préciser le devoir n°2 ; car il donne l’impression que le garde malade va devoir payer les frais des autres malades – cela parait ambigu : on aurait dit que la GM paye pour les autres malades.

 

-       Les devoirs 8, 9 et 10 emmènent à se demander s’il est possible d’avoir des locaux spécifiques comme des cuisines aménagées ou des buanderies ? à défaut si l’hôpital offre tous ces services ? ceci pour le cas des patients ne résidant pas dans la ville de Yaoundé.

 

-       Suggestion d’interdire les traitements traditionnels ou traitements parallèles à ce que les médecins prescrivent que les gardes malades administrent aux patients.

 

-       Le point 10 peut aussi être formulé en droit : celui de recevoir des repas si l’état de santé du malade le permet ;

 

-        

 

Réaction au commentaire sur le respect et l’application des chartes dans les formations hospitalières au Cameroun par l’action des vigiles et des superviseurs : « les chartes sont faites pour être contextualisées bien qu’il y ait des principes qui sont universels, l’application doit être contextualisée. C’est pourquoi il apparait essentiel d’ouvrir les échanges avec la communauté pour que la charte soit réelle. Ainsi, on en aboutit au concept de gouvernance clinique qui voudrait que tous ceux qui se retrouvent dans l’espace hospitaliers soient chacun responsable et fixer sur sa place et le rôle qu’il doit jouer au sein de la formation sanitaire. Afin d’éviter les conflits, il est important que chacun se sente concerné ; car les vigiles et les superviseurs ne sont pas les seuls acteurs.

 

Conclusion

 

La charte du garde malade, de la famille et des visiteurs est une réalité à l’hôpital central qui a permis la diminution ou l’évitement d’un certain nombre de conflit. La naissance des chartes au sein des hôpitaux n’est pas un processus spontané mais plutôt un processus multi centenaire et qui progressivement gagne en importance.

 

Le concept de gouvernance clinique dans le cadre d’une meilleure qualité des soins et services qui sont centrés sur l’usager, nous impose d’avoir des « gentleman agreement » c’est-à-dire un code de conduite pour tous les acteurs qui se trouvent dans le même espace ; lequel espace est l’hôpital dont la finalité est de soulagé l’homme souffrant ou l’homme vulnérable.

 

Dans le contexte camerounais, c’est un ménage à trois et même parfois à plusieurs, qui en plus du soignant et du soigné intègre ou fait intervenir le garde malade, la personne de confiance qui finance les soins et toute la famille et les visiteurs qui veulent aider le malade à retrouver sa santé.

 

Nous avons établie une liste de 6 droits et de 11 devoirs ; à l’issue des échanges d’aujourd’hui il y a lieu de rééquilibrer les droits et devoir en terme de nombre, d’écrire de manière plus directe et plus lisible pour tenir compte de la diversité de ceux qui viennent à l’hôpital, mais aussi que nous avons besoin de rajouter deux devoir supplémentaires à savoir : l’obligation de préserver l’environnement hospitalier en terme de mobilier et d’environnement extérieur et ne pas faire du garde malade un agent de corruption.